Sainte-Agathe, sainte des maladies de seins
Une statue de Sainte-Agathe est située sur la grand-place de Haut-Fays. Quelque peu abandonnée à présent, il n’est plus personne pour y prier au vu et au su de tous.
Agathe a vécu au temps de l’empereur Dèce, sous le juge Quintien. C’était une jeune et très fervente chrétienne dont le père était païen. Celui-ci lui destinait pour époux, un jeune homme bien né mais tout aussi païen. Agathe refuse donc de l’épouser. Devant son obstination et ses refus réitérés, il lui fit souffrir le chevalet et diverses tortures. Elle fut traînée sur des tessons de pots cassés et sur des charbons.
Quintien furieux de se voir vaincu par la patience héroïque de la sainte, commanda qu’on la tourmentât longtemps aux mamelles, et puis qu’on les lui coupât. Une cruauté aussi inouïe lui attira ce juste reproche de la part d’Agathe : « Cruel tyran, devrais-tu pas rougir de me faire cette injure, toi qui as sucé les mamelles de ta mère ? »
Le juge la renvoya ensuite en prison, avec défense de panser les plaies, et de lui donner aucune nourriture ; mais le Seigneur se joue des pensées des hommes. Il daigna lui-même être son médecin. Saint-Pierre étant apparu dans une vision, la consola, guérit ses plaies et remplit le cachot d’une lumière éclatante. Elle mourut en prison en 251.
Un parcours accidenté
On croit savoir qu’une chapelle Sainte-Agathe existait dans le bois de Gerhenne, au nord-ouest de Haut-Fays et qu’on allait prier la sainte pour éviter ou guérir « la goutte laitresse » et bien d’autres maladies des seins. Dans certains villages, la sainte est aussi invoquée pour la protection des troupeaux. Cette chapelle était située dans le domaine des Princes de Mérode. Le domaine fut détruit par les Français vers 1839 (?) et la statue jetée dans l’étang tout proche.
En 1844, lors de la vidange de l’étang, la statue fut retrouvée. C’est l’abbé Reuter, curé de Haut-Fays qui décide de la ramener sur la place du village. Il explique : « placée à trois kilomètres du village, dans un endroit peu accessible, elle commençait à être ignorée des jeunes générations ». En conséquence, au mois d’octobre 1957, en accord avec la commune, je l’ai fait placer au cœur même de la paroisse ». Après huit jours, elle disparaît mystérieusement. Mais l’abbé la retrouve et la replace au milieu du village où elle se trouve toujours.
Ses habilleuses
La statue de Sainte-Agathe est en bois peint et mesure 65 cm. La tête, cassée dans des circonstances imprécises a été remplacée. Il existe un monde de différence entre le travail de l’artiste et celui du technicien réparateur. Cette nouvelle tête est quelque peut démesurée, elle occupe environ le quart de la statue.
Le bras gauche est cassé à hauteur de l’épaule et le bras droit à hauteur du coude. Il est difficile de dire s’il s’agit d’une destruction accidentelle ou le témoignage des tortures subies par la sainte. Les seins sont amputés.
Le torse est nu, la taille est ceinte du corsage abaissée et dessous la taille une longue jupe magnifiquement tissée, dévoile à peine un pied.
Afin de voiler cette nudité, la statue était régulièrement vêtue par ses habilleuses, véritable lignée dont Alice Philippe fût la dernière. Aujourd’hui, c’est Alice Baijot, à la demande de la précédente qui se charge de la vêtir. Mais celle-ci l’aime mieux sans vêtement pour témoigner du sacrifice de la sainte .
Aussi Alice l’habille une fois l’hiver venu et jusqu’au printemps. Avançant en âge, elle songe de plus en plus à la relève.
Aujourd’hui
Aujourd’hui Sainte-Agathe est là, au milieu du village, presque ignorée de tous ; bien gardée dans une potale grillagée, au milieu d’un parterre soigneusement fleuri, elle semble être toujours derrière les grilles du cachot qui la vit mourir. Ce grillage n’est toutefois pas le souvenir de sa cellule, mais le garant que la statue ne soit pas emmenée par des mains indélicates.
Alice souhaite vivement que la sainte retrouve l’arbre dans lequel Elle était logée, dans le bois de Gerhenne. Elle trouve que là-bas elle serait à nouveau l’occasion de promenades et de pèlerinages pour les futures générations. Plus discrètement logée, la sainte serait peut-être plus souvent visitée et invoquée surtout dans une période où les maladies de seins sont toujours aussi présentes et aussi tragiques.
Régulièrement on demande à Alice Baijot de venir dans les écoles de la commune pour raconter l’histoire de la sainte ; elle en parle avec beaucoup de respect, de dévotion et de tendresse et voudrait faire passer ces sentiments aux enfants et aux futurs adultes.
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